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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/118

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VAUVENARGUES.

vrai dans chaque système, d’envisager tour à tour les différents aspects des choses, d’entrer dans toutes les opinions, d’en pénétrer le principe et de chercher dans son esprit ou dans son cœur des vues pour les justifier. En tout cas, il fallait, à quelque prix que ce fût, prendre parti ; on était imprudent de s’attarder dans le doute, et coupable de s’y complaire ; aussi estimait-il peu Montaigne dont le perpétuel scepticisme « choquait, disait-il, les âmes impérieuses et décisives «. Vauvenargues a-t-il réussi à combiner dans son œuvre toutes les idées que son expérience ou ses réflexions lui avaient suggérées ? Non, certes, et les contradictions y sont nombreuses ; mais le mérite est grand d’avoir tenté si passionnément de les concilier.

Telle est, dans ses traits principaux, la philosophie de Vauvenargues, si l’on peut donner le nom de philosophie à ces libres effusions d’une âme pure et passionnée ; nul système ne condense ces pensées ni ne les enchaîne. On en fausserait l’esprit si l’on cherchait à les rajuster en un corps de doctrine ordonnée et méthodique.

L’Introduction à la connaissance de l’esprit humain est restée inachevée. Les fragments qui la composent ne sont que les premières pierres du vaste édifice dont, au milieu même des agitations de la guerre, Vauvenargues avait arrêté les grandes