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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/120

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VAUVENARGUES.

concilier et de comprendre. » Sujet immense, qui, à défaut du génie d’un Pascal, eût exigé la vaste et puissante intelligence d’un Leibniz, la forte dialectique et la belle méthode d’un Locke.

Vauvenargues, d’ailleurs, ne se faisait pas illusion sur la grandeur et la difficulté d’une pareille entreprise : « Une longue vie suffirait à peine à l’exécution d’un tel dessein ». Mais c’est précisément la vie qui lui a manqué d’abord, et il est mort sans avoir éprouvé si l’œuvre qu’il méditait était à la mesure de ses forces. En attendant, les matériaux qu’il avait réunis par l’expérience ou par l’observation gisent là, épars, incomplets, à peine ébauchés, semblables à des ruines : Pendent interrupta.

Les autres morceaux, plus développés, plus achevés, qui sont sortis de sa plume, tels que le Discours sur la gloire, les Conseils à un jeune homme et le Discours sur les plaisirs, ne sont pour ainsi dire que des écrits de circonstance, destinés non pas au public, mais à un lecteur déterminé (de Seytres), et appropriés à l’état particulier de son âme. Loin d’y voir des traités didactiques, je les comparerais plutôt à ces exhortations familières, à ces belles consultations morales qu’un Cicéron, un Sénèque adressait à ses amis, et qui, dans un petit nombre de pages, sous une forme simple et libre, exposaient quelque haute vérité philosophique.