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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/124

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VAUVENARGUES.

penseurs et de poètes trouve en naissant ; le compte de crédit par rapport à l’avenir, où est inscrite la part, bien faible généralement, inaperçue ou exagérée le plus souvent par les contemporains, que chaque écrivain apporte à l’œuvre commune et lègue aux siècles suivants.

Pour Vauvenargues, ce compte est assez facile à établir ; car les influences qui ont façonné son esprit sont peu nombreuses et peu anciennes.

Dans le passé, Vauvenargues ne remonte guère plus haut que le siècle qui l’a précédé. L’antiquité lui est comme fermée. Il ne l’a entrevue, dans sa jeunesse, qu’à travers une traduction de la Vie des grands hommes de Plutarque, et nous savons par lui-même quelle vive impression il en a éprouvée. Plus tard, la lecture de quelques livres d’histoire, dans le goût, je pense, des Réflexions de Saint-Evremond sur les divers génies du peuple romain, lui donna au moins l’intelligence et le sentiment général des choses de l’antiquité. Mais le commerce direct avec les anciens, que rien ne remplace, et ce qu’un tel commerce a d’excellent pour la culture et le développement de l’esprit lui ont toujours manqué. Par contre, sa pensée doit peut-être à cette lacune d’instruction, à cette absence de religion littéraire une partie de sa légèreté d’allure et de son indépendance de mouvement. Ce n’est donc pas dans l’antiquité, ainsi qu’on doit le faire