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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/125

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ORIGINES MORALES.

pour tous les maîtres français de l’époque classique, qu’il faut rechercher ses plus lointaines origines intellectuelles ; c’est plus près de lui, dans un horizon moins éloigné, au xviie siècle.

Quand Vauvenargues vient au monde, en 1715, Louis XIV est à l’agonie et tous les grands hommes du siècle ont déjà disparu de la scène où ils faisaient si noble figure. Les quinze dernières années du règne ont vu mourir successivement Racine, Bossuet, Bourdaloue, Fléchier, Boileau, Fénelon, Malebranche. Mais ces grands esprits et ceux qui les ont précédés au tombeau, Pascal, Molière, La Rochefoucauld, Corneille, La Fontaine et La Bruyère, ont fondé la plus forte tradition littéraire qui ait jamais existé. C’est dans cette illustre maîtrise que Vauvenargues a choisi ses ancêtres, et c’est à Pascal, à Bossuet et à Fénelon qu’il s’est plus étroitement rattaché.

Pour Pascal, j’ai montré plus haut le rôle qui lui revient dans le développement intellectuel et moral de Vauvenargues, dans sa conception de l’homme et de la vie, dans l’exercice même de sa sensibilité. Non pas que Vauvenargues puisse jamais être dit le disciple de Pascal ; car l’influence qu’il a subie s’est traduite plus souvent par une réaction que par une action conforme ; mais l’œuvre du moraliste de Port-Royal a été le stimulant le plus énergique et le plus fécond de sa pensée. La dette de recon-