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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/14

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VAUVENARGUES.

Nous possédons si peu de renseignements sur la jeunesse de Vauvenargues que ces circonstances sont précieuses à connaître. Elles nous apprennent dans quelle atmosphère morale se forma le futur auteur des Réflexions et Maximes et dans quelles fortes traditions il fut élevé dès l’enfance. Sans exagérer l’importance des influences d’hérédité et de milieu, il est permis de croire que si Joseph de Clapiers, au lieu d’acconqjlir héroïquement son devoir, avait été homme à fuir l’épidémie qui désolait sa ville — comme fit, par exemple, Montaigne étant maire de Bordeaux, — l’âme de son fils eût compté un degré de chaleur de moins.

Il est regrettable que Vauvenargues n’ait pas rencontré des conditions aussi favorables à la culture de son esprit qu’à l’éducation de son cœur. Élevé quelque temps d’abord au collège d’Aix, interrompu dans ses études par la faiblesse de sa santé, il se forma presque seul et comme au hasard. Il n’acquit que bien peu de ces connaissances générales qui font, pour ainsi dire, la base intellectuelle de toute une vie, et il ne sut jamais ni le latin ni le grec.

Vers l’âge de seize ans, à cet âge où, comme dit Charron, « l’âme, toute neuve et blanche, tendre et molle, reçoit fort aisément les impressions et puis ne les perd plus », il rencontra dans ses lectures une traduction des Vies de Plutarque, et il en