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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/146

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VAUVENARGUES.

d’André Chénier et de retrouver sa physionomie jusque dans le petit groupe des jeunes fanatiques qui entouraient Saint-Just. Les discours qu’il fait tenir à Clodius le Séditieux : « De tous les changements inévitables, il n’en est aucun qui ne se fasse par la force, et celui qui sait oser de grandes choses l’emporte sur celui qui n’a ni la hardiesse de les concevoir ni la force de les exécuter » ; — certaines maximes telles que celle-ci : « Il faut permettre aux hommes de faire de grandes fautes contre eux-mêmes pour éviter un plus grand mal, la servitude » ; — certaines réflexions sur « les bas fonds » de la société qui dénotent en lui l’instinct de la foule ; — sa folle passion pour l’action audacieuse et démesurée ; — d’autres indices encore donnent à penser, en effet, que Vauvenargues eût été parmi les esprits les plus hardis et les plus entreprenants de la Révolution. Encore faut-il admettre que l’expérience des faits n’aurait pas, dès le début, au temps même de la Constituante, changé singulièrement ses idées, et que le spectacle des premiers excès n’aurait pas soulevé d’indignation son cœur honnête et pur.

Pour moi, dans cet ordre d’hypothèses, ce n’est pas comme homme politique que j’aime a me figurer Vauvenargues pendant la Révolution. Je me le représente de préférence dans la carrière qui avait été réellement la sienne autrefois ;