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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/17

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ANNÉES DE JEUNESSE.

la façon d’un levain mystérieux ; elle féconde la pensée de milliers, peut-être de millions d’hommes ; elle fait vibrer au fond des cœurs la fibre cachée qui sans elle n’aurait peut-être jamais tressailli. À peu près dans le même temps et au même âge que Vauvenargues, J.-J. Rousseau, sur la foi du même écrivain, se passionnait pour les héros de l’antiquité, se proposait le même idéal et nommait Plutarque « son maître et son consolateur ». Et voici qu’après eux toute une génération allait naître qui puiserait aussi à cette source ancienne et y chercherait ses modèles.

Quand le moment fut venu pour Vauvenargues de décider de la direction de sa vie, deux carrières, les seules qui fussent alors permises à un homme de son âge et de sa condition, s’ouvraient devant lui : l’armée et l’Église. Rien ne l’inclinait à la vie religieuse, tandis que tous ses goûts le poussaient déjà vers l’action. Il choisit la carrière des armes.

Sa qualité de gentilhomme lui donnant un accès immédiat au grade d’officier, il entra comme sous-lieutenant dans l’un des premiers corps d’infanterie, le plus brillant et le plus recherché, le Régiment du Roi[1].

C’est un grand dommage qu’il ne nous reste

  1. Ainsi nommé parce que le roi s’en était réservé le commandement supérieur et la propriété ; le service y était fait en son nom par un colonel-lieutenant.