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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/42

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VAUVENARGUES.

point de principes à eux, ou, s’ils en ont, c’est encore pis : ils opposent à des préjugés commodes, des connaissances fausses, des connaissances ennuyeuses ou des connaissances inutiles, et un esprit éteint par le travail ; et, sur cela, je me figure que ce n’est pas leur génie qui les a tournés vers les sciences, mais leur incapacité pour les affaires, les dégoûts qu’ils ont eus dans le monde, la jalousie, l’ambition, l’éducation, le hasard. »

Mais il ajoute aussitôt : « Si j’avais plus de santé, et si j’aimais assez la gloire pour lui donner ma paresse, je la voudrais plus générale et plus avantageuse que celle qu’on attache aux sciences », c’est-à-dire plus active que la gloire littéraire.

À cette confidence détournée, Mirabeau reconnaît que ses conseils ont porté et qu’une semence d’ambition a levé dans l’âme de Vauvenargues ; il ne l’en poursuit que plus vivement, et il le serre de tout près : « Vous enfouissez, si vous ne travaillez, les plus grands talents du monde ! Je ne sème point ici de louanges ; c’est la vérité qui parle ; des gens du meilleur goût, ayant vu vos premières lettres, m’obligent à leur envoyer toutes celles que je reçois de vous, et je les ai entendus s’écrier, quand je leur ai dit que vous n’aviez pas vingt-cinq ans[1] : « Ah !

  1. Vauvenargues n’avait pas encore vingt-quatre ans.