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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/51

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VIE MILITAIRE.

Transporté dans quelque hôpital, ramené en France, à Nancy, au mois de mars 1743, il se remettait à peine de ses maux et de ses fatigues qu’il lui fallut repartir pour l’Allemagne, où la campagne était reprise. Vers la fin de mai il repassa le Rhin avec l’armée que le maréchal de Noailles allait opposer dans le haut Palatinat aux forces coalisées de l’Autriche et de l’Angleterre, et il combattit à la tête de sa compagnie dans cette déplorable journée de Dettingen que les prodiges d’héroïsme de la noblesse française ne purent empêcher de tourner en désastre.

Après cette défaite, qui entraîna l’évacuation de la Bavière, la cause de l’empereur Charles VII, de ce triste empereur d’un jour, était irrémédiablement perdue, et les armées de Louis XV n’avaient plus de prétexte à demeurer en Allemagne. Rentré en France dans les derniers jours de l’année 1743, le Régiment du Roi alla tenir garnison à Arras.

Si les deux années que Vauvenargues venait de passer en campagne avaient été singulièrement stimulantes pour son activité extérieure, elles n’avaient pas donné moins d’intensité à sa vie intérieure.

Son âme avait subi l’épreuve de la réalité que rien ne remplace : la guerre lui était apparue, non comme une science ni comme un art, mais comme un grand drame passionné où le danger fait surgir,