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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/54

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VAUVENARGUES.

situations désespérées, dit Vauvenargues, on peut prendre des partis violents ; mais il faut qu’elles soient désespérées. Les grands hommes s’y abandonnent quelquefois par une secrète confiance aux ressources qu’ils ont pour subsister dans les extrémités ou pour en sortir à leur gloire…. Si on est obligé de prendre des résolutions extrêmes, il faut les embrasser avec courage et sans prendre conseil des gens médiocres[1]. »

Il n’est pas jusqu’aux fibres de son cœur qui, dans cette vie si bien faite pour l’endurcissement, ne fussent devenues plus sensibles encore et plus tendres.

L’Éloge funèbre qu’il composa à cette époque pour le jeune de Seytres, mort à dix-huit ans pendant le siège de Prague, nous en est un touchant témoignage. De Seytres était sous-lieutenant dans le régiment de Vauvenargues, et celui-ci s’était pris pour lui d’une profonde affection. C’était une intimité d’intelligence et de sentiment qui allait jusqu’à la piété et à la tendresse. « Naturellement plein de grâce, dit-il en nous le dépeignant, les traits ingénus, l’air ouvert, la physionomie noble et sage, le regard doux et pénétrant, on ne le voyait pas avec indifférence ; d’abord son aimable extérieur prévenait tous les cœurs pour lui, et

  1. Conseils à un jeune homme, § 6.