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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/59

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VAUVENARGUES ÉCRIVAIN.

depuis que Vauvenargues y avait débuté. La discipline avait perdu toute vigueur et tout ressort, non seulement dans la troupe, mais parmi les officiers : les désordres et les vices qui allaient éclater pendant la guerre de Sept Ans étaient nés pendant la guerre de la succession d’Autriche. Les impressions désolantes que Vauvenargues rapportait d’Allemagne à cet égard se retrouvent dans un curieux fragment qu’il avait intitulé lui-même : Sur les armées d’à présent. « Le courage, dit-il, que nos ancêtres admiraient comme la première des vertus, n’est plus regardé, peu s’en faut, que comme une erreur populaire ; et, quoique tous n’osent avouer dans leurs discours ce sentiment, leur conduite le manifeste. Le service de la patrie passe pour une vieille mode, pour un préjugé ; on ne voit plus dans les armées que dégoût, ennui, négligence, murmures insolents et téméraires ; le luxe et la mollesse s’y produisent avec la même effronterie qu’au sein de la paix ; et ceux qui pourraient, par l’autorité de leurs emplois, arrêter le progrès du mal, l’entretiennent par leur exemple. Des jeunes gens, poussés par la faveur au delà de leurs talents et de leur âge, font ouvertement mépris de ces places qu’ils ne méritent pas, en effet, d’occuper ; des grands, qui seraient tenus, par le seul respect de leur nom, à cultiver l’estime et l’affection de leurs troupes, se cachent, puisqu’il faut le dire, ou se