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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/66

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VAUVENARGUES.

vait : « Racine n’est pas sans défauts : quel homme en fut jamais exempt ? mais qui donna, jamais, au théâtre, plus de pompe et de dignité ? qui éleva plus haut la parole, et y versa plus de douceur ? Quelle facilité, quelle abondance, quelle poésie, quelles images, quel sublime dans Athalie, quel art dans tout ce qu’il a fait ! quels caractères ! Et n’est-ce pas encore une chose admirable qu’il ait su mêler aux passions, et à toute la véhémence et à la naïveté du sentiment, tout l’or de l’imagination ? En un mot, il me semble aussi supérieur à Corneille par la poésie et le génie, que par l’esprit, le goût et la délicatesse. » — « Les héros de Corneille, écrivait-il encore, disent de grandes choses sans les inspirer ; ceux de Racine les inspirent sans les dire. »

Peut-être se montrait-il trop sensible aux défauts de Corneille, à cette grandeur outrée, bien différente en effet de la grandeur vraie, et n’admirait-il pas assez franchement les parties supérieures de ce puissant génie. Mais jamais on n’avait encore mieux apprécié, mieux « aimé » plutôt Racine ; car dans le sentiment que Vauvenargues exprime à son égard il y a presque de la tendresse.

Au ton de cette lettre, à des réflexions telles que celle-ci : « De mille personnes qui lisent il n’y en a peut-être pas une qui ne préfère en secret l’esprit de M. de Fontenelle au sublime de M. de