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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/84

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VAUVENARGUES.

Dans sa retraite de l’hôtel de Tours, Vauvenargues réalisa, à défaut du confort matériel, la condition première du bien-être moral, la solitude et le recueillement : loin des bruits du dehors, il rentra dans son âme et se renferma dans sa pensée.

Ainsi, à trente ans, sans instruction sérieuse, avec peu de lecture, il allait se jeter dans la grande lutte qui s’ouvrait alors et qui devait remplir tout le siècle. Mais, à défaut de connaissances apprises et d’études préparatoires, il avait beaucoup vécu en lui-même et beaucoup réfléchi. Et puis, une flamme intérieure, cette fièvre d’action qui le consumait jusqu’au fond de son être, le forçait à agir dans le seul domaine qui lui restât ouvert, celui des idées.

Il se mit donc à l’œuvre, et, reprenant ses notes, développant ses observations, s’essayant à de plus vastes compositions, il publia, au mois de février 1746, sous le voile de l’anonyme, un volume in-12 de moins de 400 pages qui contenait une Introduction à la connaissance de l’esprit humain, des Réflexions sur divers sujets, des Conseils à un jeune homme, des Réflexions critiques sur divers poètes, deux Fragments sur les orateurs et sur La Bruyère, une Méditation sur la foi, enfin une suite importante de Paradoxes mêlés de Réflexions et de Maximes.

Nul succès n’accueillit ce volume à son apparition ; c’est à peine si la presse littéraire s’en occupa. Le