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Page:Paléologue - Vauvenargues, 1890.djvu/92

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VAUVENARGUES.

Mais ces troubles, si naturels, si légitimes, ne duraient pas ; sa forte et courageuse nature l’emportait bientôt. Il se retrouvait tout entier et sans faiblesse en face de la mort. Quand elle fut tout près de lui, il jeta un dernier regard sur le cours de sa vie, et, sous une forme indirecte, il composa cet adieu qu’un souffle pur de stoïcisme antique semble traverser :

« Clazomène a fait l’expérience de toutes les misères humaines. Les maladies l’ont assiégé dès son enfance, et l’ont sevré, dans son printemps, de tous les plaisirs de la jeunesse. Né pour des chagrins plus secrets, il a eu de la hauteur et de l’ambition dans la pauvreté…. Ses talents, son travail continuel, son application à bien faire, son attachement à ses amis, n’ont pu fléchir la dureté de sa fortune. Sa sagesse même n’a pu le garantir de commettre des fautes irréparables ; il a souffert le mal qu’il ne méritait pas, et celui que son imprudence lui a attiré. Quand la fortune a paru se lasser de le poursuivre, quand l’espérance trop lente commençait à flatter sa peine, la mort s’est offerte à sa vue ; elle l’a surpris dans le plus grand désordre de sa fortune ; il a eu la douleur amère de ne pas laisser assez de bien pour payer ses dettes, et n’a pu sauver sa vertu de cette tache. Si l’on cherche quehpie raison d’une destinée si cruelle, on aura, je crois, de la peine h en trouver. Faut-il demander la raison