Page:Palante - Précis de sociologie, 1901.djvu/153

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Nous ajouterons qu’une cause de l’arrêt du Bonheur dans nos sociétés est, à notre avis, l’omnipotence qui durera longtemps encore de l’esprit grégaire. L’homme ne sait pas agir pour lui-même, mais pour les autres. J’entends par là agir par crainte de l’opinion, cette tyrannie des âmes faibles. L’Esprit grégaire semble indestructible. Aux antiques préjugés nous en avons substitué d’autres, aussi tyranniques ; car peu importe le point d’application de la tyrannie grégaire ; cette tyrannie reste toujours aussi stupidement oppressive dans son essence. Le souci du qu’en dit-on, le souci de ne pas choquer les préjugés de classe et autres et de ne pas encourir la mise en quarantaine sociale, voilà le joug auquel nous avons sacrifié notre libre personnalité. Tant que cet état d’esprit durera, il n’y aura pas de progrès dans le Bonheur pour l’humanité. Nous resterons semblables aux sauvages qui tremblent devant les fétiches qu’ils ont taillés de leurs propres mains.