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CHAPITRE IV

LOI DE DIFFÉRENCIATION SOCIALE ET LOI DES ÉLITES

La loi de différenciation consiste en ce qu’une société, pour se maintenir, doit être pourvue d’organes différenciés capables d’exécuter avec précision et rapidité les fonctions sociales.

La décadence des anciennes corporations de l’Allemagne vint en partie de ce qu’elles ne surent pas se constituer d’organes.

Les avantages qui résultent de la création d’organes sociaux différenciés peuvent, d’après Simmel, être classés sous trois chefs :

1o Là où il y a des organes différenciés le corps social est plus mobile. Tant que pour chaque mesure politique, juridique, administrative, il doit tout entier se mettre en branle, son action pèche par la lourdeur. « Quand une foule se meut, dit M. Simmel, ses mouvements sont alourdis par toute sorte d’hésitations, de considérations, qui tiennent soit à la divergence des intérêts particuliers, soit à l’indifférence des individus. Au contraire, un organe social peut s’affranchir de tous ces impedimenta, parce qu’il est fait pour un but défini et qu’il est composé d’un nombre de personnes relativement restreint ; et ainsi il contribue à la conservation du groupe en rendant l’action sociale plus précise et plus rapide[1]. »

  1. Simmel, Comment les formes sociales se maintiennent.