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désertes couvertes de joncs et de broussailles. On rencontre les éléphants presque toujours en troupes, paissant ou errant çà et là, s’appelant les uns les autres. Ils n’attaquent pas l’homme, à moins qu’on ne les attaque ou qu’on ne passe trop près d’eux. La nuit, quand ils viennent boire à la rivière, s’ils trouvaient une barque de voyageurs amarrée près du rivage, ils la submergeraient infailliblement ; aussi les évite-t-on avec soin. Il est défendu de les tuer ; néanmoins, un petit nombre de hardis chasseurs s’enfoncent dans les forêts et en tuent avec le fusil chaque année un bon nombre, uniquement pour en avoir les défenses ; tous les ans aussi, les gouverneurs des provinces envoient une troupe de femelles, qu’ils lâchent dans les bois ; quelque temps après on les rappelle au son d’une corne, elles reviennent accompagnées de plusieurs éléphants sauvages qu’elles amènent jusqu’à une enceinte de murailles, et les forcent à coups de trompe d’entrer par la porte qui se ferme après eux. On les laisse quelques jours sans leur donner à manger ; on leur passe un lacet au pied ; on les attache à une colonne, après quoi on leur donne des cannes à sucre, des herbes en abondance, et au bout de quelques jours ils sont apprivoisés.