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je ne m’arrêtai qu’un jour à Thà-Sung et continuai ma route vers le nord, et, après avoir passé la petite ville appelée Huáden, j’atteignis Nakhon-Saván (ville du Ciel) à vingt-cinq lieues au nord de Thà-Sung. Au couchant, à la distance de dix lieues, s’élève majestueusement une haute chaîne de montagnes appelées Kháo-Luáng (montagnes Royales), dont la direction est du nord au sud. Nakhon-Saván est une ville très-ancienne et célèbre dans les annales de Siam ; mais aujourd’hui c’est bien peu de chose ; elle est dominée, à l’est, par des collines dont la plus voisine a son sommet orné d’une belle pagode. Cette province est presque déserte ; les crocodiles viennent dormir la gueule béante sur le rivage, ce que je n’avais pas encore remarqué ailleurs.

À trois lieues de Nakhon-Saván, le fleuve se partage en deux branches ; celle qui vient du nord-ouest coule avec impétuosité et fracas sur un lit de gros cailloux ; celle qui vient du nord-est au contraire est une eau dormante, profonde et silencieuse. Ce fut par cette dernière branche que nous continuâmes notre route. Les deux rives sont garnies de forêts impénétrables. Si l’on tire un coup de fusil, les crocodiles mugissent sous les eaux, les