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safran. Il se nourrit ordinairement des gros poissons qu’il peut attraper, et, à leur défaut, des cadavres qu’on jette à la rivière ; quelquefois aussi il dévore les hommes qui se baignent ou qui tombent à l’eau. Il y a des crocodiles dans toutes les rivières de Siam, depuis leur embouchure jusqu’à l’endroit où il n’y a plus assez d’eau pour qu’ils puissent s’y tenir, ni assez de poissons pour leur nourriture.

Les crocodiles pondent une vingtaine d’œufs blanchâtres une fois plus gros que ceux de l’oie ; ils les enterrent dans les sables sur le bord des rivières ou les déposent parmi les roseaux, et c’est la chaleur qui les fait éclore. Dès que les petits sont nés, ils vont se jeter dans l’eau la plupart deviennent la proie des poissons voraces et même, dit-on, des vieux crocodiles ; ceux qui échappent se nourrissent d’abord de petits poissons et grandissent de plusieurs pieds dans l’espace d’une année. Les œufs de crocodile sont bons à manger. Celui qui aurait fait la découverte d’une ponte de ces œufs, s’il veut les enlever, doit tenir un cheval tout prêt ; car la mère, qui ne se tient pas loin de là, s’aperçoit quelquefois de l’enlèvement de ses œufs ; alors elle sort de l’eau et, animée d’une fureur terrible, elle se met à la poursuite du ravis-