Page:Pallegoix - Description du royaume Thai ou Siam, 1854, tome 1.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 174 —

seur et court après presque aussi vite que le cheval.

À Bangkok il y a des enchanteurs de crocodiles. Quand un homme a été emporté par un de ces animaux, le roi donne ordre de le prendre alors l’enchanteur, accompagné de plusieurs barques de satellites avec des lances et des cordes, vient dans l’endroit où il présume trouver le crocodile ; il récite des formules superstitieuses pour le faire monter à la surface de l’eau ; dès qu’il paraît, il lui saute sur le dos, et pendant qu’il lui fourre les doigts dans les yeux, les satellites sautent à l’eau ; les uns lui lient la gueule, les autres les pattes, et l’on tire à terre le monstre palpitant qui paraît avoir perdu toutes ses forces ; on l’emporte au mandarin et on lui fait son procès. Nos Annamites chrétiens sont très-habiles à prendre les crocodiles, même sans formules superstitieuses ; ils épient le moment où cet animal dort sur le rivage, lui sautent sur le dos, lui fourrent les doigts dans les yeux, lui passent un lien à la gueule, l’attachent par le milieu du corps et le jettent dans leur barque. Un jour, visitant leur village, je vis plus de cinquante crocodiles, petits et grands, amenés de la sorte et attachés aux colonnes de leurs maisons. Ils en vendent la chair comme on vendrait de la