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grande liberté et ne sont pas reléguées dans de sombres réduits comme en Chine ; elles paraissent en public, elles vont au marché, font le commerce, rendent et reçoivent des visites, se promènent aux pagodes, en ville, à la campagne, et n’ont rien à redouter de la jalousie de leur mari. Il n’y a de malheureuses parmi elles que celles qui tombent dans l’esclavage.

Pour comprendre ce que c’est que l’esclavage à Siam, il faut savoir que le taux légal du prêt à intérêt s’élève à environ trente pour cent ; une famille qui est dans le besoin est obligée d’emprunter à usure, et comme ordinairement elle ne trouve pas de quoi payer les intérêts, dans peu de temps la dette double, triple, et le créancier, en vertu de la loi, prend la femme et les enfants pour esclaves. Leurs services sont réputés tenant lieu des intérêts de la somme due ; si le mari ou des parents viennent payer la dette, le maître est obligé de recevoir la rançon et de lâcher ses esclaves. Ceux qui ne se plaisent pas chez leur maître, ont la faculté d’aller prendre de l’argent chez un autre et de changer de maître en payant leur rançon au premier. Du reste, les esclaves sont en général traités avec beaucoup d’humanité et leur sort peut se