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l’arec, on vous sert le thé à la chinoise, c’est-à-dire, dans de très-petites tasses et sans sucre. Si la visite a lieu au moment du repas, le maître ou la maîtresse de la maison vous font de vives instances pour manger avec eux ; mais on n’invite jamais à des repas de famille, si ce n’est pour des grandes fêtes comme un mariage, la coupe des cheveux ou la plantation d’une maison. Quand une famille veut bâtir une nouvelle maison, elle se procure tous les matériaux nécessaires, puis elle invite tous ses parents et amis ; au jour fixé, la foule arrive, munie de pioches, serpes, de couteaux, haches, scies et ciseaux ; les uns creusent les trous des colonnes, les autres fendent les bambous ; ceux-ci préparent les colonnes, ceux-là la charpente ; c’est fort divertissant de voir une centaine d’ouvriers qui s’égaient et s’animent mutuellement. La famille pour qui on travaille est toute occupée à faire la cuisine, à préparer les cigares, l’arec et le bétel, à servir le thé, les gâteaux et l’arak ; tous les ouvriers, accroupis ou assis sur des nattes, mangent ensemble, mais en formant plusieurs groupes joyeux et turbulents ; après quoi ils se remettent au travail et, avant la fin du jour, la maison se trouve plantée comme par enchantement.