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d’autre ressource que de souffrir ou de prendre la fuite. Quant aux esclaves ordinaires, ce sont de pauvres gens qui sont obligés de se vendre pour payer leurs dettes. Le service des esclaves est réputé comme tenant lieu des intérêts du capital avancé par le maître, de sorte que l’esclave qui aura servi son maître pendant une vingtaine d’années doit, pour se libérer, rembourser toute la somme pour laquelle il s’est engagé. Si l’esclave veut changer de maître, il n’a qu’a s’offrir à un autre qui paie sa rançon. Le prix des esclaves varie selon l’âge et le sexe ; depuis douze ans jusqu’à seize, on les achète de quarante à soixante ticaux ; un homme fait s’engage ordinairement pour quatre-vingts jusqu’à cent soixante ticaux. Il ne faut pas croire que les esclaves, à Siam, soient traités comme les esclaves nègres ; il est vrai que certains maîtres les nourrissent assez mal, ne leur épargent pas les coups de rotin, les injures, les malédictions ; quelquefois même ils les mettent aux fers et au cachot ; mais on peut dire, en général, que les Thai ont beaucoup d’humanité pour leurs esclaves, ne les font travailler que très-modérément et les traitent souvent beaucoup mieux qu’on ne traite les domestiques en France.