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nistrer des coups de rotin à l’accusé afin de lui faire déclarer ses complices et toutes les personnes à qui il aurait vendu et distribué les choses volées. On va saisir tous ces gens-là, et le procès se complique à ne plus finir. Les deux parties, chacune de son côté, font offrir de l’argent aux juges qui font exprès de traîner l’affaire en longueur ; souvent même, au moyen d’une certaine somme, le coupable parvient à s’évader et à disparaître, et l’innocent en est pour ses frais et dépens. Presque toujours les parties en litige se ruinent mutuellement ; quand elles n’ont plus rien à donner, les juges les plantent là. Le meilleur moyen de gagner un procès, est de promettre une grosse somme à quelque personnage influent qui se charge de votre affaire. Presque partout la justice est vénale, mais peut-être plus à Siam qu’ailleurs.

On dit que les prisons sont quelque chose d’affreux ; ce sont des cachots obscurs, où les criminels sont entassés par centaines ; heureusement qu’ils n’y restent que la nuit, car on les emploie tout le jour à scier des poutres, à porter des briques ou du sable, à faire des chemins, ou à d’autres ouvrages pénibles, et on ne leur donne pour nourriture qu’un peu de riz avec du sel ; à l’entrée de la