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arrêté l’emportement des Cochinchinois, ils l’auraient taillé en pièces avec tous ceux qui t’accompagnaient. L’aventurier, ayant manqué son coup, gagna son bateau avec précipitation et se retira.

Cette affaire pensa avoir des suites fâcheuses. On rapporta aux Cochinchinois que ce fanfaron, piqué de l’affront et des rudes traitements qu’on lui avait faits, avait juré qu’il irait brûler leur camp. Ceux-ci, à l’insu de monseigneur de Bérythe, irrités de ces menaces, armèrent deux galères que le roi de Siam leur avait confiées, et descendirent par la rivière au camp des Portugais, passèrent et repassèrent trois ou quatre fois, en les défiant d’en venir aux mains par des cris et des huées selon la coutume du pays. Les Portugais, saisis de frayeur, n’osèrent paraître. L’aventurier, blâmé par tous les habitants les plus considérables et les plus sages du camp, se déroba secrètement et disparut, et depuis, on ne l’a plus vu à Siam.

Il n’est point de nation dans les Indes plus courageuse et plus emportée que les Cochinchibois. Le capitaine du camp hollandais, qui les connaissait depuis longtemps, et qui ne voulut point se mêler de cette affaire, avertit les Portugais qu’il était à craindre que les Cochinchinois, qui avaient