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Tant de conversions éclatâmes et l’estime que le roi de Siam et son frère faisaient paraître pour la religion chrétienne, remplissaient les missionnaires de joie et d’espérances ; mais la réception magnifique que Sa Majesté fit à des ambassadeurs d’Achen et de Golconde, qui étaient venus avec quelques-uns de leurs docteurs, pour le solliciter d’embrasser le mahométisme, à l’exemple de plusieurs princes idolâtres ses voisins, fit justement appréhender que cette détestable religion, qui flatte les sens et toutes les passions, ne s’introduisît à la cour et parmi le peuple. Déjà le grand crédit que les mahométans avaient dans ce royaume, les richesses qu’ils y possédaient, les services qu’ils rendaient aux Siamois, les intrigues qu’ils ménageaient, les mesures qu’ils prenaient pour faire des prosélytes, mettaient de grands obstacles à la conversion de cette nation. On avait donc lieu de craindre que cette ambassade n’achevât de tout perdre mais la miséricorde de Dieu la rendit sans effet.

Peu de temps après, MM. de Bourges, Mahot, Bouchard, Guiaud et Savari, arrivèrent à Siam, au mois de février 1669. M. Brindeau les avait joints en chemin. Il avait été conduit de Macao à Goa,