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la vieille soutane qu’il avait obtenue, il pouvait se mettre décemment.

On les laissa au milieu du bazar, les pieds dans la boue, depuis la pointe du jour jusqu’à dix heures, sans chapeau, exposés aux ardeurs du soleil, et attendant le coup de la mort, lorsque enfin on leur fit signe d’entrer dans un ballon couvert qui était tout auprès. Ils profitèrent de cette situation un peu plus tranquille pour s’aider mutuellement, par leurs réflexions, à faire à Dieu le sacrifice de leur vie, et à gémir sur le sort des chrétiens qui, malgré leurs précautions, étaient tombés comme eux entre les mains des ennemis ; car, ayant fui trop tard, on les avait poursuivis et arrêtés. Les missionnaires les virent emmener et passer tout auprès d’eux, accablés de tristesse. Tout ce qu’ils pouvaient faire était de leur dire quelques paroles d’encouragement.

Ils eurent aussi la douleur de voir les vases sacrés et les ornements bénits courir la place publique entre les mains des païens, dont un parut habillé avec une chasuble.

Pendant qu’ils étaient ainsi entre la vie et la mort, et qu’ils n’attendaient plus rien du côté des hommes, ils virent entrer dans leur ballon un