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Ce fut là que M. Constance fit paraître son zèle sincère et sa tendresse pour son maître. On l’avait averti de ce qui se passait, et on lui avait conseillé de se tenir chez lui, jusqu’à ce que les conjurés eussent jeté leur premier feu. Il rejeta ce conseil, comme indigne de son courage et injurieux à sa fidélité.

Il y avait alors auprès de lui quelques Français ; deux Portugais et seize gardes anglais qu’il entretenait. Ayant rassemblé cette petite troupe, il entra dans sa chapelle avec son confesseur pour se disposer à mourir, d’où, passant dans la chambre de sa femme : Adieu Madame, lui dit-il, en lui tendant la main, le roi est prisonnier, je vais mourir à ses pieds. Il sortit en disant ces mots, et courant tout droit au palais, il se flattait qu’avec le petit nombre d’Européens qui le suivaient, il se ferait jour au travers des Indiens qui voudraient l’arrêter et pénétrerait jusqu’au roi. Il en serait venu à bout si ceux qui le suivaient eussent été aussi déterminés que lui ; mais à peine était-il entré dans une des premières cours du palais, qu’il fut environné tout à coup d’une foule de soldats siamois. Il se mettait en devoir de se défendre, lorsqu’il s’aperçut qu’excepté les Français, tous ceux