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Après quoi, regardant les Pères, qui lui tenaient toujours compagnie : Enfin, leur dit-elle, d’un air tranquille, il ne nous reste plus que Dieu ; mais personne ne nous l’ôtera.

Le mandarin s’étant retiré avec sa proie et ses dépouilles, on croyait qu’elle en était quitte et qu’on ne demanderait plus rien à ceux à qui on avait tout ôté. Les deux jésuites l’avaient laissée pour retourner à leur logis, personne ne s’imaginant qu’il y eût rien de nouveau à craindre pour une personne à qui on avait pris tout son bien, et qui, n’ayant commis aucun crime, semblait à couvert de tout autre mal. On vit sur le soir qu’on s’était trompé. Vers les six heures, le même mandarin, accompagné de ses satellites, vint lui demander ses trésors cachés. Je n’ai rien de caché, lui répondit-elle ; si vous en doutez, vous pouvez chercher, vous êtes le maître, et tout est ouvert. Une réponse si raisonnable sembla avoir irrité ce barbare : Je ne chercherai point, lui répliqua-t-il, mais sans sortir du lieu où je suis, je te ferai apporter ce que je te demande, ou je te ferai mourir sous les coups. En disant ces mots, ce brutal fit signe à deux bourreaux qui s’avancèrent avec des cordes pour la lier, et de gros rotins pour la battre.