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point qu’elle n’est pas plus grosse qu’un pois ; ils la jettent dans les aliments de celui qu’ils veulent ensorceler, et, à peine est-elle avalée, qu’elle se dilate d’une manière effrayante jusqu’à faire crever le ventre de celui qui l’a mangée par mégarde.

On dit encore que les sorciers font société avec les voleurs ; ils ont le moyen de jeter un sort et d’assoupir une famille tout entière, de sorte qu’il leur est très-facile de monter dans la maison et de piller tout ce qui s’y trouve de précieux. Les maîtres entendent et voient tout ; mais, contenus par une force diabolique, ils ne peuvent ni bouger, ni crier, ni s’opposer en aucune façon aux brigands qui les dévalisent, et le charme ne cesse que quand ceux-ci sont déjà loin.

Il y a des magiciens que l’on dit très-habiles à composer des philtres amoureux. Quand on veut inspirer de l’amour à une fille pour un jeune homme, ou à un jeune homme pour une jeune fille, on mêle quelques drogues aux aliments de la personne, qui bientôt devient folle ; et plus on s’oppose à ses penchants, plus ils deviennent impérieux ; de sorte qu’il arrive presque toujours que, sans craindre ni le déshonneur, ni les châtiments,