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de la métropole. L’histoire des treize colonies séparées leur donnait les avertissements les plus clairs sur les dangers de leur démarche. Néanmoins eux seuls (jamais les tories) pourront et voudront nous aider à faire cesser nos communes misères, dès qu’ils auront reconnu la déception pratiquée contre eux. Ils ont cru de bonne foi que le gouvernement responsable donnerait tous les mêmes avantages que nous cherchions à obtenir par la demande de deux chambres électives.

Pour faire cette demande nous avions l’exemple de quelques-unes des anciennes colonies, dont les heureux et libres citoyens ne reçurent jamais un gouverneur d’Angleterre, mais les élurent tous, ainsi que les membres des deux chambres, les shérifs, et les magistrats de tout grade. En demandant un ordre de choses qui avait existé, nous savions ce que nous demandions. En recevant le gouvernement responsable avec tant d’allégresse, nous ne savons guères ce que nous avons reçu. Les colons ont cru que c’était cette pleine responsabilité qui plus d’une fois en Angleterre a forcé le souverain à recevoir pour ministres, ceux qui dans d’autres temps il avait dit être les ennemis de sa couronne ou qu’avec pleurs et désespoir il avait refusé de recevoir comme tels ; mais bientôt les ministres ont dit que dans une colonie cette responsabilité n’était pas tout-à-fait la même que dans une métropole. Ils ont dit ce qu’elle n’était pas, et ils n’ont pas dit ce qu’elle était. Elle est donc une énigme interprétée diversement par celui qui l’offre et par celui qui la reçoit : dès lors, une source fertile de malentendus, de plaintes et de récriminations entre les gouverneurs et les représentants. Pour les électeurs dans tout le pays, elle doit être ce que la chambre d’assemblée l’a définie. Elle a, pendant un trop court intervalle, heureusement fonctionné sous sir Charles Bagot, elle a cessé de le faire depuis. Son successeur, bientôt après son arrivée, écrivit qu’il y avait antagonisme entre lui et des ministres qui avaient l’appui et la confiance d’une grande majorité des représentants. Il eut des affidés secrets. Sur l’avis de personnes irresponsables, il donna des emplois sans consulter celles qui étaient responsables de ces choix envers le pays. Ils sentirent que les intérêts de la colonie étaient lésés par cette conduite, et qu’elle était injustement offensante pour eux, ils résignèrent. La chambre les approuva. C’était le tribunal légitime qui en première instance était compétent à décider entre eux et lui. Il eut dû les rappeler à leur poste. Il ne le fit pas, se mit en collision avec la chambre, et dès lors cessa d’être propre à continuer l’administration du pays ; qui dans les élections générales confirma le vote d’approbation qu’avaient reçu de leurs collègues les ministres résignataires. Le pays n’a pas et ne doit pas changer de sentiments. C’est un enseignement qui a été jusqu’ici invariablement donné à tous les gouverneurs, et qui doit être continué. Les représentants sont la seule autorité dans le pays, dont les affec-