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ADRESSE AUX ÉLECTEURS
DES
Comtés de Huntington
ET DE
St. Maurice.


Messieurs du Comté de St. Maurice.


Il ne peut rien y avoir de plus consolant pour le patriote, après une absence forcée de huit ans, loin du pays de sa naissance, que de s’y voir au jour du retour l’objet d’une bienveillance aussi inaltérable, d’une confiance aussi inaltérée, que celle dont m’honore mes compatriotes, et dont spontanément vous donnez une preuve aussi éclatante que celle qui résulte de la demande que vous me faites de la part du Comté de Saint-Maurice, de vouloir le représenter dans le prochain parlement.

Des calamités épouvantables ont inondé le pays ; la minorité victorieuse et vindicative l’a puni mille fois au delà de ce que permettait la loi ; la dictature téméraire de lord Durham, condamna à l’exil et à l’expatriation des accusés non entendus, et il le fit sous des formes et des conditions tellement arbitraires qu’en Angleterre même, où il n’y avait pas un de ses hommes d’état qui fut plus populaire que lui, avant cet inexplicable écart, un cri universel de surprise accueillit ses ordonnances. De plus mauvais jours encore succédèrent à ceux-là. Un seul parti pouvait parler, il calomnia.

La défense la plus modeste de l’homme le plus innocent le condamnait au bâillon et à la prison. Les persécuteurs furent-ils plus heureux que les victimes ? Qui sur la terre peut lire dans le secret des consciences ?

Tous vos patriotes les plus éminens, morts et vivans, déportés ou présens, furent pendant une longue suite d’années, indignement calomniés : mais le mensonge fit grandir votre confiance en eux et les maux qu’ils ont soufferts vous les ont rendus plus chers. Eh ! que leur importe ce que l’on dira et ce que l’on pensera d’eux dans l’Angleterre, illuminée par les diatribes d’une presse locale pensionnée et passionnée ; leur mission était pour vous, comme elle leur venait de vous. Votre approbation consacre leurs noms, là où ils souhaitent que leur mémoire soit chère et respectée.

De tous ceux que la passion de nos adversaires a déchirés, personne n’a eu meilleure part que moi à leurs furibondes déclamations. Je n’étais ni plus ni moins fautif, ni plus ni moins méritant qu’un grand nombre de mes collègues, mais leur bienveillante indulgence m’ayant longtemps et souvent