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Messieurs du Comté de Huntingdon,


Quand une députation d’hommes influens du comté de Huntingdon, le premier en population du pays, et qui n’est le second d’aucun autre en lumières, en richesse agricole et industrielle, mais surtout en dévouement patriotique, en sacrifice faits, en souffrances éprouvées, en dévastations souffertes autant que quelque autre partie que ce soit de la province à cause de son dévouement patriotique, viennent à l’occasion des premières élections qui se font depuis mon retour au sein de la patrie, après huit ans d’absence sur la terre étrangère, me prier d’accepter la candidature à l’honneur de les représenter en parlement ; lorsque sur les objections que je leur oppose, ils répondent, non seulement par des raisonnements, mais qu’ils en appellent aux souvenirs et aux sentiments les plus touchants, et que quelques-uns d’eux me disent : pour la sainte cause de la patrie, nous avons souffert en commun, nous dans nos familles, comme vous dans la vôtre, nous dans nos personnes, comme vous dans la vôtre ; nous sommes revenus de l’exil et de la déportation dans les colonies pénales, où nous avons été maltraités ; vous, vous avez pu échapper à la vengeance de nos persécuteurs, et le savoir, fut pour nous une consolation dans nos souffrances ; vous, vous avez trouvé un asile protecteur au temps de l’orage, dans la terre classique de la liberté, l’heureux pays qui nous avoisine, la glorieuse et puissante confédération des États-Unis, puis ensuite dans la terre hospitalière, polie, savante d’où sont sortis nos ancêtres, dans la belle France, l’institutrice depuis longtemps des peuples européens qui veulent à sa suite avancer dans la voie de la plus haute civilisation ; nous au nom de nos épreuves passées, comme hommes qui n’avons perdu aucune de nos convictions, qui n’abjurons rien de notre passé, qui croyons que vous n’avez pas plus changé que nous, nous vous prions instamment de consentir à nous représenter ; nous connaissons assez le comté pour pouvoir vous assurer que nous exprimons ses vœux presque unanimes et que nous y porterons la joie si nous y portons votre acceptation : leur donner un refus qui serait basé sur des considérations personnelles, sur l’amour du repos, après de longues années d’agitation, serait une honte et une lâcheté dont je ne serai pas coupable. Si je le donne, ce refus, ce ne sera que d’après la considération du plus grand bien qui peut résulter ou de mon élection ou de ma retraite. J’incline à croire que ce dernier parti, je ne dis pas pour toujours, mais pour le moment actuel, est le plus convenable. Je dois à votre bienveillante démarche, je dois à mon passé, de ne pas me retirer sans de puissantes raisons ; je me vois forcé par votre insistance de les rendre publiques et de vous en laisser les juges.