Page:Papineau - Adresse aux électeurs des comtés de Huntington et de St. Maurice, paru dans la Minerve, 20 déc 1847.pdf/9

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demandés, ils ne seront jamais offerts. Il faut les conquérir par un, deux, trois refus, jusqu’à ce que l’on rougisse là bas de refuser si longtemps justice ici. Les corps ne sont respectés qu’autant qu’ils sont consistants et persévérants. Un peuple ou ses représentants ne peuvent pas mettre trop de calme et de lenteurs dans leurs délibérations, ni trop d’inflexibilité dans leurs déterminations. Hésitez avant de résoudre ; après l’avoir fait, persistez.

Le rappel de l’acte d’union doit être demandé parce que c’est le vœu du peuple formulé dans ses requêtes de 1822 et 1836 ; parce qu’à part l’injustice de ses dispositions, le principe en est stupidement vicieux, en plaçant sous une seule législature un si vaste territoire qu’il ne peut être assez bien connu pour que les représentants décident en connaissance de cause de l’importance relative des améliorations locales demandées de toutes parts, des allégués contradictoires des populations sur une grande variété de mesures ; et pourtant dans les pays nouveaux, dont les besoins grandissent et varient incessamment avec le rapide accroissement de la population et des défrichements, la masse des travaux parlementaires se rapporte à des mesures de détails qui exigent une profonde connaissance des besoins et des ressources de toutes ces localités. Aussi, depuis l’union, les hommes les plus éclairés, les plus dignes du titre et des fonctions de législateurs, s’abstiennent-ils presque constamment de voter, ceux du Bas-Canada quand il est question de mesures qui concernent le Haut-Canada, et réciproquement ceux de cette province quand il s’agit de mesures qui concernent celle-ci. Cela est juste, et prouve la folie de cette union législative. Mais ce qui est juste pour les esprits honnêtes et élevés, ne le paraît pas toujours à des hommes étroits et égoïstes, et trop souvent ce seront des médiocrités passionnées et présomptueuses qui passeront des lois pour les sections de la province unie dont elles ne connaîtront ni la jurisprudence antérieure, ni la condition sociale, ni les désirs actuels. Aussi, la législation indigeste et précipitée des dernières années est-elle un chaos sans liaison, sans durée, variant d’une session à l’autre à ce degré que si ce mal continue avec celui de la tardive distribution des statuts, le mépris de la