Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/30

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Il est grand de taille avec quelque chose de sec dans la démarche. Sous une enveloppe rude il cache un cœur excellent. Un peu mou de caractère, il n’a jamais refusé quoi que ce soit à sa fille ni à son fils.

De celui-ci peu à dire. C’est un jeune homme insignifiant, comme notre bonne ville de Montréal en compte hélas ! trop. Toujours vêtu à la dernière mode américaine, il possède une de ces têtes à gifles comme sur les gravures qui servent, dans les tramways à annoncer une marque connue de faux-cols. Il fréquente les salles de thé, les dancing à la mode. C’est à peu près tout ce qu’il sait faire : danser. Avec cette science, et d’être le fils du docteur Dubois, il ira loin.

Quant à Pauline, elle est reine et maîtresse chez elle, agissant à sa guise, et conduisant la maison de même.

Ce soir-là, le docteur était au club, Jacques au théâtre.

Elle était seule chez elle avec la bonne.

Roberge gravit les marches de pierre du perron.

Il se rappelle les avoir foulées plusieurs fois d’un pas allègre.

Un peu nerveux, il presse le bouton de la sonnette.

La bonne le fait entrer dans le vivoir aux meubles lourds, massifs. Il reconnaît tous les coins familiers, le canapé de velours bleu, avec, tout près, une haute lampe à pied surmontée d’un abat-