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susceptibilité nationale et nuire à la formation de notre jeunesse. Admission étrange d’infériorité, manque de nationalisme pratique qui, à la longue, a une répercussion plus grande qu’elle n’apparaît tout d’abord.[1]

Théâtre.

Quels sont dans notre province les théâtres consacrés aux nôtres ? Quand voit-on sur le plateau se débattre dans des situations angoissantes ou comiques des êtres qui nous ressemblent, qui vivent de notre vie, qui pensent et agissent comme nous ?

À Montréal, ville où la population canadienne-française atteint 800,000 âmes, il n’y a jamais de première officielle.

Pourquoi le Gouvernement et la Cité, comme cela se pratique dans d’autres pays, ne subventionneraient-ils pas un théâtre national ?

Nous avons un conservatoire qui pourrait fournir les éléments nécessaires à l’interprétation de ces pièces. Nos écrivains, assurés de faire jouer leur pièce, cultiveraient le genre théâtral et nous assisterions à autre chose qu’à des pièces d’une moralité plus que douteuse et qui, en tous cas, ne nous apprennent rien de bien.

Vie Sociale.

Il y a quelques années, dans nos manifestations publiques, on tentait de substituer à l’épithète canadienne, l’épithète française, ancrant ainsi dans l’esprit des gens cette mentalité fausse que nous devions être français avant d’être canadien.

Nous avions une quête pour nos œuvres qui s’appelait « le sou de la pensée française » ; nous avions une société pour la défense

  1. Depuis que cette conférence a été prononcée, on a confié à M. Eugène Beaulac, journaliste de carrière la direction du Bureau de censure provincial. Nous ne pouvons qu’applaudir à cette nomination.