Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/160

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— Apportez-moi mon dernier rapport, le numéro L-18.

Les chaises se rapprochèrent de la table ; des mentons s’appuyèrent dans la paume des mains ; des doigts tambourinèrent sur la vitre ; des moustaches furent torturées selon les tics d’un chacun dans ses moments de concentration.

Le rapport satisfit les membres du syndicat. Les perspectives étaient belles, plus que belles, encourageantes.

L’ingénieur fit distribuer des copies dactylographiées, contenant ses conclusions.

La séance levée et le bureau évacué, il retint au passage Julien Boily, l’un des hommes les plus riches comme les plus estimés de Montréal et qu’il rattrapa dans l’antichambre.

Julien Boily avait eu des débuts modestes. Arrivé de la campagne à l’âge de seize ans, il s’engagea d’abord comme messager dans une épicerie, passa quelques années à l’emploi de la Montreal Tramway où il était wattman, puis, avec ses économies, il fonda dans l’ouest de la rue Sainte-Catherine une mercerie pour hommes qu’il vendit plusieurs années plus tard, après s’être amassé une jolie fortune. Depuis, il ne s’occupait que de