Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/81

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comme s’il avait voulu y boire tout ce qui était sa vie.

Il sentit qu’elle répondait à son baiser et, dans cette minute suprême du premier amour, son passé s’abolit ; toute la tristesse lugubre qui s’y était amoncelée se dispersa comme, sur les lacs argentés, la brume flottante se disperse sous la caresse chaude des rayons du soleil.

Il desserra l’étreinte, se laissa couler à ses pieds, et lui murmura :

— Que je t’aime… Que je t’aime… Mariette,… Ma petite Mariette…

— Et moi aussi, Jacques, je t’aime.

Les mots qui grisent, les mots éternellement jeunes et éternellement vieux, ils venaient de se les dire et, semblait-il, à jamais.

Le jour commençait à décliner.

La dentelure des sapins se découpait, fantastique et sombre, sur un ciel de sang et d’or.

Serrés l’un contre l’autre, et la main dans la main, insoucieux du présent, et voyant devant eux, lourd de bonheurs, l’avenir se dresser, ils revinrent lentement pendant que chantaient dans leur âme, la jeunesse et la vie.