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MEILHAC ET HALÉVY.

salué par les bravos d’Oreste et les premières mesures de la « Phocéenne », évoque en nous l’Isthme, Némée, Corinthe, Pindare, la Grèce assemblée, toute une mer multicolore de robes et d’hermine, tout un personnel de Sorbonne. Art discret et suggestif, s’il en fut. J’aime la lutte des calembours, la composition en bouts rimés et l’inédit de la charade « locomotive », quatre mille ans avant l’invention des chemins de fer.

Admirable matière à mettre en vers latins.

Et voici que je me souviens d’avoir lu sur le même sujet une copie couronnée au Concours général entre les lycées et les collèges de Paris et des départements. Bienfaisante coïncidence ! C’est une sensation que cela ! À peine regretté-je de ne point trouver là le rude exercice des « combles », qui était un sport à la mode vers la même époque, et qui, complété d’une autre gymnastique intellectuelle, très recommandée aux environs de 1865 : Cons-tantino-polis-toire-tistement-songère-mitage-ioscope-ération-teusement… eût agréablement parfait le « pentathie ». C’est évidemment une lacune. Il est vrai que les auteurs y suppléent par la partie d’oie. « Après le rude labeur du gouvernement de mes peuples, dit Agamemnon, il est doux de déposer la couronne et d’en tailler une avec de vieux amis… » Autour de la table verte, les exclamations des joueurs nous emplissent d’aise et d’étonnement : « Dix mines ! Cinquante louis ! » Quant à l’épidémie d’infidélité conjugale qui sévit à Leucade, elle fait la joie secrète du conseil municipal de Trouville. Et vous voyez le procédé qui est un perpétuel changement, une plaisante chute d’une gamme en l’autre, une mosaïque d’Homère et d’argot (Argos dans le texte), dont bien fin serait celui qui trouverait les soudures et les traces du travail, à tout coup dissimulé par un éclat de rire inextinguible. « Je vous défends de m’appeler oie. » — « Comment voulez-vous