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LE ROI ARTUS.

écuyer. Après avoir chevauché tout un jour, il leur arriva de croiser une échelle de trois mille Saisnes qui, sous la conduite du roi Taurus, menait au roi Errant un riche convoi parti du camp d’Arondel. Il fallut soutenir une lutte inégale. Pendant que le roi Loth était contraint de lâcher pied, la reine demeurait prisonnière, et l’écuyer s’enfuyait, avec le précieux fardeau dont il était chargé, dans la direction d’Arondel.

Gauvenet, ses frères et les autres jeunes écuyers, fils, neveux ou cousins de rois, séjournaient alors dans cette ville d’Arondel. Comme ils regardaient la campagne du haut des murailles, voilà qu’un chevalier bien armé, monté sur un grand destrier, s’avance à la portée de la voix. Il avait l’écu percé de part en part, le haubert démaillé, la sangle du cheval rougie du sang qui sortait de plaies récentes : « Est-il parmi vous, » s’écrie-t-il, « un écuyer assez hardi pour me suivre, sans autre garde que moi-même ? » Gauvain répond : « Vous suivre ? et de quel côté ? — Qui êtes-vous, jeune homme ? — Un écuyer, fils du roi Loth d’Orcanie ; je m’appelle Gauvain. — Ma foi ! » reprend le chevalier, « c’est vous précisément que la chose intéresse. À l’entrée de cette forêt, les Saisnes emmènent une grande proie enlevée aux chrétiens ; si vous la leur reprenez, vous aurez trouvé la plus belle