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la dame de roevans.

Les nappes levées, le duc de Clarence demande au seigneur du château pourquoi leur délivrance affligeait tant la dame : « Je vous le dirai volontiers ; mais auparavant vous saurez que j’ai été plus de dix ans de la maison du roi Artus, et que je suis compagnon de la Table ronde. Je connais fort bien messire Yvain et je n’oublierai jamais ce qu’il fit dans un autre temps pour moi, ce qui lui valut même un rude coup d’épieu dans la cuisse. — Oui, dit en souriant mess. Yvain, je vous reconnais : vous êtes Keu d’Estrans. Il est vrai que nous eûmes alors grand peur et que je fus blessé ainsi que vous le rappelez. Nous étions chez une orgueilleuse dame qui voulait tuer tous ceux qui refusaient de partager son lit, et faisait tuer tous ceux qui l’avaient partagé. Je fis ce qu’elle demandait et, par bonheur, j’en fus quitte pour une large blessure et une grande frayeur. — C’est pour nous sauver que vous consentiez à cette cruelle épreuve. — N’en parlons plus, reprit messire Yvain, et veuillez nous dire pourquoi cette belle dame a tant de chagrin de notre délivrance.

« — Sachez donc, dit Keu d’Estrans, que je l’aime depuis mon enfance ; et bien qu’elle soit de plus haut lieu que moi, j’osai la prier d’amour ; — Elle répondit qu’elle ne