Page:Paris, Paulin - Lettre au traducteur de Fiéramosca sur les romans du Moyen-âge.djvu/14

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des romans de chevalerie. L’Italie eut la gloire, à mon avis incontestable, de mettre la première en vogue ces compositions moins épiques dans lesquelles la peinture de la société contemporaine se retrouvait complète, avec ses ridicules et ses passions changeantes. Les contes de Bocace et surtout le cadre dans lequel ils sont renfermés offrent l’un des premiers exemples du roman, tel que nous l’aimons, tel que nous le cultivons encore. L’impulsion était donnée ; il était bien convenu que, dans un roman, on avait le droit de tout tenter, de tout oser, dans le but de divertir et d’amuser le lecteur ; on vit donc naître successivement les Quinze joies du Mariage, les vers de Merlin Coccaie, la prose de Rabelais et de ses émules multipliés. Enfin, chacune de nos grandes époques produisit des romans dont la physionomie offrait une empreinte particulière : grotesques, au temps des querelles religieuses ; pompeux et héroïques sous les premiers rois de la maison de Bourbon ; enjoués et gracieux sur la fin du règne de Louis XIV ; licencieux sous Louis XV, graveleux sous Louis XVI et niaisement candides sous le règne de la terreur. Je ne parle que de