Page:Paris, Paulin - Mémoire sur le cœur de saint Louis.djvu/19

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devotus rex Siciliæ, a nepote suo rege Philippo ; qui susceptas sanctas reliquias, honorificè fecit eas in Siciliam deportari, et propè Palermum in nobili quadam et cathedrali abbatia præcepit recondi cum valde solemni atque devota processione totius cleri et populi terræ illius. Quando de Tunicio redeuntes et Palermum transeuntes, dictam abbatiam verè nobilera ac pulcherrimam visitavimus, audivimus sacrarum reliquiarum multa miracula, etc., etc. »

Voilà l’autorité sur laquelle on s’appuie pour affirmer que le cœur de saint Louis ne fut pas rapporté en France. Mais il faut bien considérer qu’elle est unique et que personne, dans le temps même, ne paraît l’avoir adoptée. Je sais bien que tout aussitôt M. Letronne ajoute : « Après l’attestation de Geoffroi de Beaulieu, il est presque inutile de citer une lettre anonyme contemporaine, mentionnée par Ménard, où il est dit également que Charles d’Anjou emporta et fit mettre révéremment en une abbaye, près de Palerme, le cœur et les entrailles. » Mais notre savant confrère eût certainement mieux fait de ne pas même indiquer un pareil auxiliaire. En effet, la citation n’est pas tirée d’une lettre anonyme contemporaine, mais d’une traduction de Geoffroi de Beaulieu, faite de 1476 à 1482, pour Charles, cardinal de Bourbon, et pour Jeanne de France, duchesse de Bourbon. Nous avons cité le texte de Geoffroi de Beaulieu ; voici les termes de la traduction : « Au regard de la chair, du cœur et des entrailles du glorieux saint, qui estoient cuites et séparées desdits os, le roi Charles, oncle du roi, lui requist les lui donner, ce que sondit neveu lui octroya, et les fist porter et mettre révéremment en une abbaye qui est près de Salerne, en une cité de Sicile, et vinrent au devant à grande et solennelle procession tout le clergié et le peuple de la terre. » Notre traducteur du quinzième siècle pousse l’exactitude jusqu’à omettre, comme Geoffroi de Beaulieu, le nom de l’abbaye sicilienne. On voit donc que l’assertion de Geoffroi de Beaulieu ne cesse pas d’être

    intestina. M. Letronne a pourtant pensé le contraire ; dans son Rapport au ministre, il a écrit que sans doute Guillaume de Nangis avait dire nec non cor et intestina. Je pense que les latinistes n’auront pas besoin de supposer deux substantifs pour justifier le nec non et.