Page:Paris, Paulin - Mémoire sur le cœur de saint Louis.djvu/30

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du corps de saint Louis, il jugea donc nécessaire de porter l’allégation de Lello sur des reliques qui n’étaient plus dans cette ville.

Et maintenant, si l’on tient à connaître l’origine véritable de l’épine de Montréal, je dirai que Charles d’Anjou se trouvait à Paris et qu’il avait pris part aux fêtes pieuses données par le roi son frère à l’occasion de l’arrivée de la sainte couronne. Il avait donc pu recevoir en don l’un des aiguillons vénérés de cette couronne ; et plus tard il a pu la déposer dans l’église de Montréal. Peut-être aussi l’épine de cette église avait-elle, comme bien d’autres parcelles de la couronne du Sauveur répandues dans les reliquaires monastiques, une origine vague et problématique. C’est à cette dernière conjecture que je demande la permission de m’arrêter comme à la plus vraisemblable.

Nous avons fait un grand pas en démontrant que le cœur de saint Louis avait été certainement ramené en France par Philippe-le-Hardi. Il nous reste à chercher en quels lieux on peut espérer de le retrouver.

Remarquons auparavant un fait des plus singuliers. Les miracles opérés par les mérites d’une foi vive et sincère devant le tombeau de saint Louis ont été regardés comme innombrables par les contemporains. Sa tête, ses bras, ses doigts, ses cheveux et ses ongles, tout ce qui lui avait appartenu, ont été l’objet de la vénération du monde chrétien. Ses vêtements devinrent une seconde providence pour les malheureux et les infirmes ; il n’est pas jusqu’aux monnaies frappées sous son règne que l’on n’ait invoquées avec confiance. Une seule partie des reliques n’est jamais présentée aux malades, n’est jamais réclamée par les abbés, les archevêques, les chapelains ou les princes de la famille royale : c’est le cœur du saint roi. Dans le procès de canonisation, on cite quelques guérisons opérées à Montréal par le mérite des chairs et des intestins ; vous y chercheriez en vain, je ne dis pas la mention du cœur, mais la moindre prétention au dépôt de ce cœur, dont la conservation nous est pourtant attestée par quatre historiens contemporains, savoir le roi Thibaud VII, le confesseur Geoffroi de Beaulieu, l’anonyme latin de Saint-Denis et le chroniqueur