Page:Paris, Paulin - Mémoire sur le cœur de saint Louis.djvu/33

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Hardi, le sentiment général était celui qui de lui-même aujourd’hui se présente encore à notre esprit. S’il est une église dans laquelle semble mieux marquée la place du cœur de saint Louis, nous supplions qu’on nous l’indique.

Et, remarquez-le bien, toutes ces présomptions sont indépendantes de la découverte qu’on vient de faire. Elles auraient la même force, elles sembleraient aussi naturelles quand même M. Camus aurait jugé convenable de détruire, à l’insu de M. Terrasse, tout ce qui nous reste aujourd’hui de cette découverte.

Mais, cela posé, si, dans un endroit de la Sainte-Chapelle, les ouvriers viennent à soulever une caisse de plomb renfermant elle-même une seconde caisse d’étain ou de cuivre étamé ; si cette deuxième caisse, en forme de cœur, couvre évidemment, dans une enveloppe de linge, les restes d’un cœur ; votre imagination ne s’ouvrira-t-elle pas à l’espoir que là doit se trouver celui de saint Louis ?

Ou bien votre première pensée, votre première conviction, sera-t-elle que ce n’est pas, que ce ne peut pas être un objet précieux, mais bien plutôt les restes d’un fripon qui aura su tromper, après sa mort, la surveillance active des gardiens, pour se ménager la plus honorable place dans la Sainte-Chapelle de nos rois ?

Voici pourtant de nouveaux motifs d’espérance. La place ménagée pour contenir cette double caisse touche à la voûte de la crypte ou chapelle basse ; cette voûte n’est pas séparée du pavé de la chapelle haute par une épaisseur de plus de dix-huit pouces ; et c’est à la superficie de cette épaisseur, et précisément sur la réunion des rains de la voûte, que l’on a fait avec autant de bonheur que de hardiesse une ouverture qui ne pouvait avoir moins d’un pied de profondeur, puisqu’elle contenait « une caisse longue, au rapport de M. Camus, d’un pied sur dix pouces de large et huit de profondeur. » Quand l’ouverture faite eut reçu le dépôt qui lui était destiné, on la ferma par une grande, simple et belle pierre blanche, dépouillée de tout insigne, de toute marque. Puis on rétablit l’ordre des ornements sacrés, c’est-à-dire que sur cette pierre vint retomber le centre du maître autel, chaque jour on célébrait le service divin.