Page:Paris, Paulin - Mémoire sur le cœur de saint Louis.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attribution. On a consulté tous les inventaires, on n’a rien trouvé qui mît sur la voie d’un dépôt de ce genre. On a pu même connaître, dit-on, le sentiment de plusieurs membres de la famille royale, et on l’a jugé contraire à la présomption qui nous paraît, à nous, si plausible.

Mais pourtant, quelque parti que l’on prenne, il se présentera des difficultés graves. Le cœur de saint Louis a été précieusement embaumé : qu’est-il devenu ? Il a été rapporté en France : où l’a-t-on déposé ? Les archives particulières de la maison de Bourbon éclairent-elles ce premier fait ? Nullement. Les inventaires de la Sainte-Chapelle déterminent-ils l’origine et la destination de la caisse découverte ? Pas davantage. On ne saurait donc rien conclure, en présence de l’objet trouvé, du silence de l’inventaire, ni de l’opinion attribuée, peut-être assez gratuitement, à l’un des membres de la famille royale.

Les inventaires de la Sainte-Chapelle constatent les reliquaires, les joyaux, les tableaux et les statues : ils indiquent le nombre et la valeur des objets précieux qui dépendaient de l’église : mais ils n’ont rien à dire d’une double caisse en plomb cachée depuis des siècles sous la terre, quand on s’avisa de les rédiger (L).

Il ne suffit donc pas d’affirmer que le cœur de saint Louis ne peut avoir été déposé dans la Sainte-Chapelle : il faut désigner le personnage auquel semblerait plus naturellement appartenir celui qu’on a trouvé. Par une sorte de prévention, on peut faire une réserve contre le nom du fondateur du monument, mais il en faut proposer un autre, car ce n’est pas avec des négations qu’on pourra trancher une question dont les éléments sont positifs. Et comme il n’y a pas d’exemple de personnages vulgaires dont on ait conservé séparément le cœur, il faudra, pour le moins, convenir que la caisse de la Sainte-Chapelle doit avoir été faite pour l’un des descendants de saint Louis.

Mais serait-il donc impossible de deviner pourquoi nous avions perdu la trace de l’endroit où le cœur de saint Louis aurait été déposé ?

Deux hypothèses se présentent naturellement ici.

Je fonde la première sur les prétentions respectives de l’abbaye de Saint-Denis et de la Sainte-Chapelle. Jamais l’abbaye de Saint-Denis ne parut aussi jalouse de ses im-