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la Chronique de Juvénal des Ursins, a rapporté ce passage, cela fait voir que Froissart n’est pas accusé sans raison d’avoir été plus enclin au parti du roy d’Angleterre qu’à celui de la France.

Cela ne nous semble rien prouver de pareil, et le duc d’Anjou eût été bien surpris des conséquences que l’on tiroit de la saisie ordonnée à son profit. Ce prince, grand amateur de curiosités de tous les genres, et fort peu scrupuleux sur les moyens de les acquérir, profitoit simplement de l’occasion qui lui étoit offerte de s’emparer d’un beau livre enluminé. Il l’estimoit de bonne prise, comme propriété de l’adversaire ; mais les cahiers n’eussent contenu que le roman de la Rose ou la sainte Bible, qu’ils n’en eussent pas moins été confisqués. Remarquons à ce propos, à l’honneur de l’ancien art parisien, dont la célébrité étoit dès lors fort grande, même en Italie, comme on en peut juger par le fameux vers de Dante :

Quell’ arte
Che alluminar è chiamata in Parisi.

(Purgatoire, c. xi.)

que Froissart, pour orner un volume destiné au grand roi d’Angleterre, s’adresse à Guillaume de Bailly, enlumineur parisien ; d’où l’on peut conclure qu’il n’espéroit pas trouver un artiste aussi habile dans ces provinces de Flandre, de Brabant et de Hainaut, si fécondes un peu plus tard en grands artistes du même genre.

Ainsi, pour résumer cette nouvelle étude :


1. Froissart, né en 1337 et mort dans les premières années du quinzième siècle, offrit la première rédaction de ses Chroniques, vers 1360, à la reine d’Angleterre. Ce premier travail, embrassant l’histoire des quatre ou cinq années précédentes, n’a pas été retrouvé.

2. Froissart continua cette première partie de ses Histoires jusqu’en 1369, date de la mort de la reine Philippe.