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LES FILS DU ROI LOTH.

sans doute à la demoiselle ravi l’honneur, à lui la vie, sans le secours inespéré qu’ils venaient de recevoir. Gauvain était rentré silencieux à l’ermitage avant le lever du soleil, et le lendemain matin ses trois frères ne furent pas peu surpris en le trouvant profondément endormi, puis Éliézer auprès de Gringalet, et non loin du lit d’herbe où ils avaient eux-mêmes reposé, une demoiselle et un chevalier qu’ils n’avaient jamais vus. Tout leur fut raconté : l’orgueilleux Agravain ne put écouter ce récit sans témoigner son dépit de n’avoir pas été averti de prendre part à l’aventure : « Oh ! » dit Gaheriet, on s’est bien gardé de vous réveiller ; on aurait craint de vous arracher aux doux songes que l’amour de votre amie vous envoyait. » Agravain cette fois ne releva pas la parole.

Ils arrivèrent, vers la fin de cette seconde journée, devant la ville de Roestoc : la situation en était admirable. Environnée de bois épais et de prés fleuris, arrosée de rivières qui descendaient de la fontaine du Pin, le soleil frappant sur les murailles en faisait jaillir des étincelles. Le chevalier qu’Éliézer avait délivré vint à la porte et fut aisément reconnu du haut des créneaux par la dame de Roestoc. Elle fit ouvrir, et, quand ils furent entrés, la dame, après avoir échangé quelques