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LES TROIS GENRES DE MORT.

— Non, » dit Merlin, « la maladie de cet homme n’est pas de celles dont on meurt. — Mais, seigneur devin, » crie alors le malade, « dites de quelle mort je dois mourir. — À ton dernier jour, » dit Merlin, « tu seras trouvé pendu. » Ces mots prononcés, il s’éloigne.

« Sire, » dit le baron, « voici une meilleure preuve encore de l’imposture de votre devin ; comment pourrais-je mourir d’une chute de cheval et être pendu ? Je désire pourtant l’éprouver une troisième fois. »

Il se rendit dans une abbaye, obtint de l’abbé de passer pour un de ses moines. Puis, s’étant mis au lit, l’abbé vint prier le roi de visiter sa maison et d’amener avec lui son sage devin.

« Ensi chevauchierent tant que il vindrent à l’abbaïe, un biau matin, ainsi que la messe fu chantée ; et quant li rois ot la messe oïe, li abbes vint à li ovec grant compaignie de moines, et pria le roi por Dieu que il venist veoir un lor moine malade, et que il menast son devin. Ensi vindrent là où li abbés les mena, et demanda au roi : Sire, por Dieu, faites-moi dire à votre devin se jamais cest prodom porra garir. Et Merlins fait semblant que il se corrout, et dist : Il se peut lever ; il n’a nul mal, et por noient mésaisa ; mais saichent bien tuit que le jor qu’il morra, il se brisera le