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lancelot du lac.

Il fondait en larmes et tendait les bras vers Galehaut qui disait en lui essuyant le visage : « Beau doux ami, confortez-vous ; Dieu soit loué, j’ai les meilleurs sujets de consolation. Je vous ai conquis, une telle victoire vaut cent fois trente royaumes. Qu’aurait été la conquête du monde près de celle de votre cœur ? Si vous me restez, si vous ne désirez pas vous éloigner de ma compagnie, je n’ai rien à désirer. Mais je le sens : pour vous retenir ici, il faut que ma dame la reine soit des nôtres ; et je le comprends si bien que j’avais naguères formé un dessein dont j’ai honte aujourd’hui, car il m’eût conduit pour la première fois à une vilaine action. Si je vous en fais l’aveu, me pardonnerez-vous ? Quand j’appris la clameur levée sur la reine, j’eus la pensée de saisir le moment où le roi s’approcherait de la terre de Sorelois, pour enlever la reine et l’emmener avec moi ; j’aurais su bien empêcher de deviner où je l’aurais conduite. Ainsi vous aurais-je réuni à tout ce que votre cœur aime. Mais bientôt je compris que l’action serait laide, et que je pouvais vous réduire au désespoir si la reine en était mécontente. » Lancelot répondit sévèrement : « Sire, vous m’auriez donné la mort. Gardez-vous de tenter rien de pareil. Oui, madame en aurait eu regret, et j’en au-